Sport: lutter contre les stéréotypes de genre dans la pratique

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Jeune fille en uniforme de soccer dribblant un ballon sur le terrain

Moins de 30 % : c’est la part des femmes qui accèdent aux postes à responsabilités dans les fédérations sportives françaises, alors même que la pratique féminine ne cesse de progresser. Cette réalité, implacable, coexiste avec des quotas imposés par certaines fédérations pour garantir la présence de femmes dans les compétitions mixtes. Parallèlement, des clubs persistent à séparer les catégories, même lorsque le niveau de performance est similaire entre filles et garçons.

Face à cet état de fait, des dispositifs voient le jour pour bousculer les habitudes. Formations ciblées à destination des encadrants, valorisation de parcours inspirants, outils pédagogiques adaptés, création de réseaux d’ambassadeurs et d’ambassadrices : la volonté d’accélérer la transformation du paysage sportif se fait plus visible.

Pourquoi les stéréotypes de genre freinent-ils la pratique sportive ?

Les stéréotypes collent à la peau dès la petite enfance. La répartition informelle des sports s’opère avant même d’entrer sur le terrain. D’un côté : gymnastique, danse, natation synchronisée ; de l’autre : football, rugby, judo. La séparation commence tôt, façonne la manière dont chacun se projette, ose, prend sa place. Cette assignation ne façonne pas seulement la gestuelle, elle entame la confiance et bride l’envie de franchir la ligne.

Pour briser ce verrou, des outils de formation et d’accompagnement dédiés aux professionnels, bénévoles et parents émergent, conçus pour challenger les automatismes, ouvrir les horizons, et replacer le sport au centre d’un chemin vers l’égalité. Malgré les efforts, trop d’enfants s’autocensurent, persuadés que telle discipline leur serait interdite.

D’après les analyses croisées sur ces sujets, quelques grands points ressortent :

  • Les écarts d’habiletés motrices se construisent d’abord autour des chances offertes, pas d’une supposée différence biologique.
  • Selon la discipline, la place des modèles, féminins ou masculins, reste disproportionnée.
  • L’influence de l’entourage familial et scolaire reste déterminante dans la perpétuation ou la remise en question des automatismes.

L’éducation sportive détient la clef pour enrayer la mécanique. Ce changement de perspective dépasse les terrains : il prend racine dans les discours, les gestes, les encouragements échangés. Quand le sport devient un terrain neutre, chaque enfant peut se découvrir, progresser, s’affirmer hors des carcans du genre.

Constats actuels : inégalités et représentations sexistes dans le sport

Toujours sous-représenté, le sport féminin n’apparaît qu’à la marge dans les médias français. Selon les chiffres de l’UNESCO, à peine 4 % des contenus sportifs diffusés concernent les femmes. Côté sponsoring, la répartition sonne aussi comme un rappel : moins d’1 % du sponsoring mondial pour les sportives. Parmi les cent athlètes les mieux rémunérés dans le monde en 2020, seules deux femmes se distinguent.

Mais la visibilité médiatique n’est qu’une facette du problème. Les normes esthétiques pesant sur les sportives commencent tôt, influencent même la conception des tenues. On se souvient de Sarah Voss, gymnaste allemande, qui a choisi la combinaison intégrale pour dénoncer la sexualisation qui pèse sur le corps féminin en compétition.

La réalité de terrain va plus loin encore. Harcèlement, agressions sexistes ou sexuelles, plus d’une pratiquante sur deux y a déjà été confrontée. Les réseaux sociaux exacerbent ce phénomène, comme l’ont montré les Jeux olympiques de Tokyo où les attaques visaient quasi exclusivement des femmes. Sarah Abitbol, Simone Biles, Jennifer Hermoso ont toutes eu le courage de prendre la parole, jetant une lumière crue sur la persistance des violences dans leurs disciplines.

Voici les points qui encapsulent les obstacles majeurs actuels :

  • La médiatisation reste largement déséquilibrée en défaveur des femmes.
  • Sponsoring et rémunérations creusent un écart persistant.
  • Le sexisme s’exprime à chaque niveau : vestiaires, terrains, discussion publique.

Des pistes de progrès existent pourtant. À Lyon, la municipalité a choisi de répartir également les subventions entre tournois masculins et féminins. Aux États-Unis, la fédération de football a mis en œuvre la parité des salaires pour ses équipes nationales. Ces signaux restent encore isolés, mais prouvent que le système n’est pas figé. Malgré ces victoires locales, tant que les représentations rétrogrades perdurent, l’accès réel à l’égalité se heurte à un plafond encore bien solide.

Des initiatives concrètes pour promouvoir l’égalité et la mixité

Confrontés à l’inertie, des collectifs s’activent pour faire bouger les lignes. Des formations spécifiques, pensées pour déconstruire les stéréotypes de genre dès les apprentissages, voient le jour, leur objectif : diversifier les regards, enrichir les pratiques, encourager de nouveaux réflexes.

Les conventions entre l’État et les fédérations, véritables plans d’action pour accroître la place des femmes, fixent des objectifs clairs : quotas, moyens dédiés, ouverture des postes à responsabilité, émergence d’exemples féminins dans le haut niveau, et encouragement à la présence de femmes à tous les niveaux de l’encadrement. L’idée : ouvrir les portes et sortir d’une gouvernance uniformément masculine.

Sur le terrain, le dynamisme des réseaux associatifs comme l’UFOLEP, la FSGT ou la Fédération Léo Lagrange donne du souffle à ces mesures. Mise en place d’ateliers mixtes, tournois ouverts à tous, campagnes de sensibilisation, formations à la discrimination et à la prévention des violences : autant d’actions qui traduisent l’envie de propulser l’égalité hors des textes pour l’inscrire dans la pratique. À une autre échelle, des dispositifs accompagnent les femmes vers l’emploi via le sport, faisant de la pratique sportive un vrai levier d’émancipation.

Un jalon marquant se dessine avec Paris 2024 : la prochaine édition des Jeux Olympiques annoncera la parité totale. Une victoire symbolique, fruit de décennies de mobilisations, qui donne de l’élan à toutes celles et ceux qui militent pour un partage équitable des rôles et de la visibilité. Mais le souffle des pionnières rappelle que, même si les initiatives se multiplient, rien n’est jamais définitivement acquis.

Jeune homme en costume de gymnastique avec ruban dans une salle

Explorer les ressources et outils pour agir au quotidien

Les ressources pour combattre les stéréotypes dans le sport s’élargissent, même si bon nombre d’initiatives restent encore méconnues ou sous-utilisées. Depuis 1984, la loi garantit à tous l’accès aux pratiques sportives : sur le papier, chacun et chacune a sa place. Mais la réalité tient à distance nombre de filles, en particulier celles issues de quartiers défavorisés. Comme le souligne Carine Guérandel, l’accès ne suffit pas : il faut des infrastructures adaptées, un accompagnement réfléchi, et ne pas négliger la question de la sécurité ou des besoins spécifiques des adolescentes.

Certaines institutions, notamment l’Union nationale du sport scolaire, jouent un rôle clé. Première porte d’entrée dans le sport pour nombre de jeunes filles, l’UNSS multiplie les actions pour élargir la palette d’offres et favoriser la diversité des parcours. Les différents rapports, notamment celui du Haut Conseil à l’égalité, pointent la nécessité d’investir dans la formation des encadrants et de repenser l’aménagement des espaces sportifs pour combler l’écart.

Pour donner un aperçu des initiatives et ressources existantes, on peut citer :

  • Des guides pratiques, adaptés du niveau européen au contexte local, qui outillent les formateurs et animateurs.
  • Des modules d’accompagnement conçus par des universités ou collectifs, qui introduisent la dimension du genre dans la formation des éducateurs sportifs.
  • Des dispositifs locaux, comme des créneaux réservés, des ateliers non-mixtes ou des accompagnements psychologiques taillés pour les besoins de chaque public.

Des outils sont là. Leur effet dépendra de notre disposition collective à transformer l’essai, à remettre en question ce qui semble couler de source, à créer des espaces réellement ouverts. Le terrain change, mais c’est le courage d’agir, pas les idées reçues, qui finira par faire tomber les murs.